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Version du 19 juin 2023 à 12:53


L'expérimentation du RTE : Retour d'expérience et récits

L’origine de la fondation

Zoein est une fondation d’utilité publique créée et présidée depuis 2017 par Sophie Swaton, philosophe et économiste. Elle a pour objectifs de répondre aux bouleversements de notre monde au XXIe siècle, particulièrement ceux engendrés par le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité.

Le Revenu de Transition Écologique (RTE)

Sophie Swaton, auteure d'Une entreprise peut-elle être « sociale » dans une économie de marché ?, 2011; Pour un Revenu de Transition Écologique : mode d’emploi, 2018 ; Primauté du vivant : essai sur le pensable, 2021, est également à l’origine du Revenu de Transition Écologique (RTE). Après avoir produit une thèse sur la justice sociale en France il y a 20 ans en s’intéressant au  RBI  (Revenu de Base Inconditionnel) parmi d’autres outils de solidarité, elle a souhaité, en reprenant son travail de recherche, développer un outil prenant en considération la transition écologique, ce qui était une lacune du RBI. Elle souhaite alors imaginer un modèle économique qui respecte les hommes et la planète, contrairement au RBI qui se concentre uniquement sur la partie monétaire en omettant les révolutions actuelles du climat et de la société.

D’après Sophie, « Le RTE est un outil radicalement innovant, que l’on souhaite différent de ce que l’on connaît. C’est un nouveau paradigme, pour échapper à la logique de silo, en associant les acteurs locaux, politiques, les entreprises, etc… ».

« En plus du RTE, il faut impulser DES transitions, et pas une seule transition. Et la première est avant tout intérieure. Pas dans une optique de culpabiliser, mais plutôt pour reconnaître et valoriser, prendre soin, des personnes qui s’engagent dans la protection de la planète. C’est l’écologie sociale. »

Le RTE est un dispositif qui vise à accélérer la transition sur les territoires qui combine 3 éléments :

  • un revenu ou complément de revenu monétaire
  • Un accompagnement personnalisé et une mise en réseau des initiatives au sein d’une organisation créée à cet effet
  • L’adhésion à une structure démocratique

Un outil d’épanouissement professionnel et personnel

Le RTE doit permettre in fine de procurer aux acteurs un travail qui fait sens et qui propose un épanouissement de la société et du travailleur, cette transition doit être pour tout le monde, non pas seulement ceux qui en ont les moyens financiers. Le RTE doit permettre de créer des activités porteuses de sens dans ce contexte d’urgence écologique et climatique. Il prend en compte le revenu pour assurer une sécurité financière mais aussi un accompagnement adapté. Un accompagnement mené via une structure démocratique pour cheminer avec d’autres qui sont dans le  même cheminement. Cette structure démocratique prend la forme d’une « Coopérative de Transition Écologique » (CTE). La concrétisation d’un nouveau modèle économique soutenable peut prendre forme au travers d’une CTE. Les coopératives s’adaptent depuis tous temps aux besoins sociétaux. Afin d’opérationnaliser l’expérimentation territoriale de RTE, la Coopérative de Transition Écologique (CTE) se présente comme un outil. Cette dernière va alors permettre le renforcement de l’autonomie des individus, l’insertion sociale locale, la valorisation des richesses produites localement, le soutien à la création d’activités marchandes et non marchandes et de nouveaux modèles économiques, la formation écologique et la sensibilisation à l’urgence écologique.

Les Coopératives de Transition Écologique au profit des initiatives citoyennes

Les CTE ont une fonction financière avec le versement d’aide à l’investissement de départ et la mise en place d’une garantie de revenu conditionné à la nature de l’activité, une fonction outillage/accompagnement des porteurs de projet en termes de formation et d’accompagnement pour franchir progressivement les étapes de la transition et enfin une fonction de mutualisation des coûts, des pratiques et des connaissances au sein du groupe constitué. Les CTE permettent alors d’accélérer les initiatives citoyennes de transition économique, écologique et sociale, de contribuer à la construction d’écosystèmes/réseaux économiques à fort ancrage local et soutenables ainsi que de mettre en réseau des « acteurs pilotes » en les appuyant face au changement d’échelle. Les personnes et les initiatives déjà actives ou émergentes pourront alors être soutenues et ainsi gagner en visibilité et servir de levier pour changer d’échelle et redynamiser les territoires.

Il existe différents territoires d’expérimentation du RTE en France et en Suisse. Elles s’inscrivent alors dans une démarche de recherche-action visant à inventer de nouveaux modèles territoriaux de développement économique et solidaire ainsi que de nouveaux modes de revenu et d’emploi écologique.

Une utilisation variée du RTE

Le RTE peut être appréhendé de différentes manières en lien avec son usage dans les trajectoires professionnelles et des effets souhaités ou non sur les enjeux de redistribution sociale et d’impacts sur l’environnement. Il peut, par exemple, servir de levier pour les personnes qui souhaitent s’engager vers la reconversion professionnelle et un dispositif de soutien à celles en situation de précarité qui aspirent à s’émanciper des aides sociales et des emplois proposés par les agences traditionnelles. Il peut dès lors s’inscrire dans le prolongement du Revenu de Solidarité Active (RSA) tout en permettant aux individus de soutenir l’économie locale via un emploi saisonnier dans un secteur en tension, ce qui est notamment le cas dans l’Aude.

Une structure de gouvernance démocratique pour une lutte contre la précarité

Toutefois, les personnes en situation de précarité subissent le plus les inégalités sociales, les conséquences de la destruction de l’environnement alors qu’elles sont les moins responsables des dérèglements environnementaux globaux. Il est important de noter qu’il ne doit pas les impacter négativement en leur demandant de fournir le plus d’effort dans ce chemin que peuvent emprunter les voies d’une transition qui se voulait initialement juste. Cela reviendrait à reproduire les formes de domination sociale sous couvert de transition écologique et de réduire les métiers de la transition à un enjeu de lutter contre la précarité. Le rôle des CTE est alors d’offrir une structure de gouvernance démocratique qui s’affranchisse de ces logiques et se positionne sur des enjeux de redistribution sociale pour expérimenter l’autonomie politique et l’émancipation sociale des systèmes d’emploi dominant.

Outils et méthodologie

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