Mise en récits

De Zoein
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- Fiche méthode : La mise en récit -[modifier | modifier le wikicode]



Récit ⇒ émotion ⇒ mise en mouvement ⇒ motivation


L’approche narrative est une méthode de thérapie développée par Michael White et David Epston en Australie dans les années 1980. Elle se base sur l’idée que nous façonnons notre identité et notre réalité à travers les récits que nous élaborons et que nous communiquons avec les autres.


Un outil pour faire autrement[modifier | modifier le wikicode]


Le but de la mise en récit est de faire un pas de côté, et de regarder ce que nous n’avons pas l’habitude d’observer, de raconter ce qui ne l’est pas d’ordinaire, des trajectoires de vie rendues invisibles, des expériences de résilience méconnues, des rêves et des projets étouffés par les normes sociales.

“Ce qui n'est pas raconté, c'est comme si cela n'existait pas. Raconter, c'est faire exister la  multitude des expériences non racontées par les personnes est un gisement de pierres précieuses.” p44 Mengelle, Catherine Le Grand Manuel des Approches Narratives.


L’approche narrative permet de reconnaître ce que traversent les personnes. Elle permet de mettre la lumière sur leur parcours, sur leur trajectoire et ce faisant, permet de soulager cette partie de la population souvent oubliée.

“C’est écrire des histoire en partant du réel, qui permettent de sortir des clichés que l’on peut avoir” (APES).


C’est une approche qui nous invite à revisiter notre passé avec un regard neuf et bienveillant, pour explorer les possibilités qui se cachent dans chaque situation, et notamment d’en tirer du positif.

“Si l'on ne veut pas se laisser dominer par les malheurs passés, nous devons chercher dans ce passé d'autres images, d'autres événements tout aussi vrais qui permettront de mettre à l'ombre les souvenirs douloureux”. p51 Le Grand Manuel des Approches Narratives.


C’est écrire un récit inspirant et positif qui donne espoir et qui est créateur de projets transformateurs.

“La mise en récits des projets de transitions cherche à expérimenter une histoire collective, alternative à l'histoire néolibérale et à aller au-delà, ou à côté, de la vision catastrophiste” CERDD Repères sur la mise en récit(s) de vos projets de transitions.


C'était également une approche qui nous permet de travailler différemment, loin de la course au productivisme.

“Le monde professionnel préfère les routes rapides et droites au chemin de traverse. Nos conversations narratives sont des îlots de respiration dans la course du quotidien professionnel”. p56 Le Grand Manuel des Approches Narratives


En créant des histoires sur la vie quotidienne, on peut rendre plus concrètes les idées abstraites de changement et de transition. Cela peut aider à susciter l’engagement et l’enthousiasme pour les initiatives de développement durable et de transition énergétique.


Enfin, la mise en récit permet de dessiner une trajectoire de développement pour laquelle on comprend les racines, les étapes et l’horizon que l’on vise.

“Le support de la narration peut constituer un appui aux réflexions collectives menées sur l'avenir d'un territoire. En effet, imaginer et raconter la vie quotidienne des habitantes dans les décennies à venir permet de rendre palpables les nécessaires évolutions de notre société au regard des multiples enjeux de transition”. CERDD


Les objectifs de la mise en récit[modifier | modifier le wikicode]


De manière plus opérationnelle, il s’agit de raconter une histoire de manière captivante et cohérente afin d'impliquer et de convaincre l'auditoire.


Attention, ce n’est pas de la communication, elle a des enjeux précis et veut susciter des valeurs immatérielles. Mais elle a quand même pour but d’être attractive, il faut la mettre en forme en mobilisant des émotions, des faits conccrets, des chiffres, des concepts clés.


Elle a 2 objectifs :

  • Fonction de mise en mouvement : toucher l’émotion qui invite à agir. Cela en proposant une autre histoire qui mobilisen implique, et donne du sens et du partage de valeur sur les territoires.
  • Fonction d’évaluation : comprendre la création de valeur que l’on opère. “La mise en récits permet d’évaluer des valeurs et des ressources que l’on qualifie d’« immatérielles ». Il s’agit par exemple de la confiance, du partage de connaissances, des liens d’appartenance ou de dépendance, des compétences notamment collectives, de l’engagement, de la capacité d’agir ensemble... Combien de kilomètres ou de kilogrammes de confiance les territoires en transition développent-ils ? On ne sait pasle compter : on peut le raconter !”

Source : CERDD


Avec qui ?[modifier | modifier le wikicode]


Une pluralité de points de vue est nécessaire pour la mise en récit. Il faut pouvoir croiser les regards, les témoignages, les analyses, les interprétations. Il faut pouvoir situer les événements dans leur contexte historique, social, culturel. Il faut pouvoir rédiger avec cohérence et originalité. Il faut pouvoir synthétiser l'essentiel, créer du lien, susciter l'intérêt. Il faut pouvoir s'appuyer sur des sources fiables. Il faut pouvoir impliquer les acteur.rices, les participant.es, les élu.es. N’hésitez pas à vous entourer de toutes les compétences disponibles : qualités rédactionnelles, créatives, de synthèses...


La mise en récit est une histoire où l’on voit la place de chacun, c’est un récit ancré et inclusif. Par exemple, la ville de Loos-en-Gohelle soutient un processus narratif inclusif et démocratique : elle invite les habitant·es à venir raconter leurs histoires et à s’inscrire dans une trajectoire commune.


“La transition implique d’oser et de prendre des risques. Le fait de faire partie d’une communauté de travail est alors essentiel face aux difficultés inhérentes à ce type de projet : faire ensemble c’est rassurant. La mise en récits a le pouvoir de faire émerger et rendre visible les aventures collectives. Fondamentalement, elle soutient aussi le déplacement des individus vers un engagement au profit de l’intérêt général”.Source : CERDD


Se lancer[modifier | modifier le wikicode]


En amont des séances de travail sur la mise en récit : mettre en place une stratégie de mise en récit

  1. Votre concept en quelques lignes : ce qui vous met en mouvement et ce qui fait votre spécificité.
  2. Les objectifs à atteindre : pourquoi réalisez-vous cette mise en récit ?
  3. Organisation et mise en place
  4. Répartir la matrice des ressources du projet : ne pas hésiter à s’appuyer sur des ressources extérieures tels que des photographes, écrivain.e.s, artistes, animateur.ice.s…
  5. Collecte des preuves du récit


Les ressources possibles à mobiliser pour la mise en récit

  • Des entretiens avec des habitant.e.s, des élu.e.s, des commerçant.e.s clés du territoire
  • Des verbatims, des photos et illustrations des entretiens
  • Une frise chronologique illustrée
  • Des ateliers prospectifs
  • Des balades sur le territoire
  • Des vidéos, des photos, des archives
  • ...


Lors de la séance de travail avec les membres du groupe

  • Il est conseillé de présenter la démarche de la Mise en Récit aux membres de votre groupe de travail. Le CERDD a réalisé un diaporama (inclut dans un kit d'animation disponible gratuitement) qu’il met à disposition sur son site.
  • Il est conseillé de dessiner matériellement la trajectoire (passé, présent, futur) et d’en débattre. C’est le plus important car votre récit doit naître de la confrontation de vos ressentis et de vos expériences.
  • D’identifier le “déjà là” en demandant  aux participants de ramener des photos, des témoignages, des expositions, des vidéos...
  • De réaliser un pitch des territoires à l’aide des étapes par Alice Khelifa.


Sources :

  1. CERDD, 2021 “Repères sur la mise en récit(s) de vos projets de transitions”. Lien vers le document.
  2. Mengelle, Catherine. “Le Grand Manuel des Approches Narratives : Des récits de soi tissés d’espoir et de dignité”. Lien vers l’ouvrage.
  3. Pitseys, John et Ruwet, Coline. “La mise en récit comme source de motivation et de légitimation au cœur des nouvelles techniques de régulation”. Dans Droit et société 2014/1 (n°86), pages 135 à 156. Lien vers l’article.



- Les étapes du pitch -[modifier | modifier le wikicode]



Le “elevator pitch”, soit un résumé bref et convaincant du projet que vous défendez, devrait pouvoir être raconté à votre cible (financeur potentiel, partenaire, etc) le temps d’un trajet en ascenseur. Ici, nous allons travailler sur les étapes du pitch, afin d’obtenir une prise de parole courte et percutante. Cette production pourra ensuite être déclinée dans un format plus long, selon le contexte des prises de parole (temps imparti, public cible, objectif de la prise de parole).


Avant de se lancer dans le pitch, il faut se poser deux questions-clés :

  • À quel public s’adresse mon pitch ?
  • Qu’est-ce que j’attends de ce public ?


Enfin, la trame ci-dessous est évolutive, selon les publics visés. N’hésitez pas à l’adapter en rassemblant des étapes, ou au contraire en y ajoutant par exemple un cas pratique, besoins demandés, etc. Enfin, il est possible d’adapter votre style en fonction de votre auditoire (figures de style, vocabulaire, etc).


ETAPE 1 : L’accroche (chiffre-clé, anecdote, humour, etc) (1 ligne max)

Objectif : Accrocher l’attention du public et créer une base commune.

Le début du pitch est crucial. Appuyez-vous sur un thème général, pour créer une base commune et du lien. Humour, anecdote, chiffre-clé...les pistes d’entrée sont nombreuses. Choisissez celle avec laquelle vous vous sentez à l’aise.


ETAPE 2 : Présenter la problématique à résoudre (chiffres, études, etc) (3 lignes max)

Objectif : clarifier l’enjeu que vous adressez.

Décrivez la problématique pour laquelle votre projet apporte une solution. En vous écoutant, votre auditoire doit se dire « Ah oui, c’est vrai, moi aussi j’ai déjà été confronté à cette problématique ». Appuyez-vous sur des données chiffrées issues d’études sérieuses. La problématique doit découler, de façon fluide et naturelle, de la base commune établie lors de l’étape 1.


ETAPE 3 : Donner une vision idéale de la situation (5 lignes max)

Objectif : donner envie à votre public de changer la situation actuelle pour vivre cette expérience.

Décrivez votre vision et amenez votre public à se projeter dans la situation idéale : celle dans laquelle le problème n’existe plus. « Imaginez-vous… » « Dans l’idéal… ».  


ETAPE 4 : Présenter les options possibles (5 lignes max)

Objectif : positionner la seconde option comme étant le meilleur choix possible.

Présentez les différentes options possibles pour atteindre cette situation idéale. Pour cela, il est conseillé de mettre en parallèle 2 directions possibles. La première correspond à la solution complexe et/ou insatisfaisante qui existe déjà (ou au descriptif de la manière dont la situation non résolue pourrait évoluer). La seconde, qui correspond à une solution plus inspirante ou plus efficace pour régler le problème, sera celle que vous proposerez de mettre en place.


ETAPE 5 : Démontrer en quoi votre solution est indispensable (7 lignes max)

Objectif : marquer les esprits et démontrer que votre solution est « LA » bonne solution.

Démontrez en quoi votre projet est la meilleure solution pour répondre à la problématique. N’hésitez pas à appuyer votre discours sur une idée forte qui deviendra le principal message à retenir. Vous pouvez également mettre en avant vos réussites et accomplissements antérieurs.


ETAPE 6 : Présenter la méthode employée (7 lignes. max)

Objectif : démontrer l’efficacité de votre méthode.

Présentez brièvement les grands axes de la méthode que vous comptez employer pour répondre à la problématique de départ. N’essayez surtout pas de tout dire, au risque de noyer votre interlocuteur dans une masse d’informations dont il n’a pas besoin à ce stade.


ETAPE 7 : Conclure sur le bénéfice et l’appel à l’action (avec rappel de la vision étape 3) (1 ou 2 lignes max)

Objectif : ancrer le bénéfice et inviter votre public à se mettre une action.

Concluez sur le bénéfice ultime que peut retirer votre public (rappel de la vision dépeinte dans l’étape 3 ou mise en lumière d’un objectif supplémentaire que votre solution va permettre d’atteindre) et finalisez par un appel à l’action pour inciter, en douceur, votre auditoire à agir (prendre contact, visiter son site internet, soutenir financièrement, devenir partenaire, s’inscrire à une newsletter qui porte sur l’avancée du projet, etc.).


Document réalisé par Alice Khelifa, responsable communication, pédagogie et documentaires à Zoein